La Grande Nuit de l’âne !

Vous connaissez toutes et tous les rennes du Père Noël ? Mais saviez-vous qu’il avait aussi un âne ? Un bon petit âne gris, aux grandes oreilles poilues, aux grands yeux tendres, prénommé Pikkoyoul.

Pikkoyoul a un travail très important : il est le responsable en chef du transport de matériel de l’entreprise PÈRE NOËL & LUTINS associés. Autrement dit, c’est lui qui porte sur son dos tout ce qui est nécessaire à la fabrication des jouets. Pas le moindre clou, ni la moindre bobine de fil qui ne passe dans ses sacs.

Toute l’année, infatigable, qu’il neige ou que le soleil brille, Pikkoyoul est fidèle à son poste. C’est qu’il en va de la fabrication de millions de cadeaux ! Lui travaille dur, au moins, pense t-il…

Ce n’est pas comme ces rennes arrogants, de vrais princes ; toute l’année, ils se reposent, ils paissent tranquillement au bord du lac.

Et puis, un mois avant la Grande Nuit de Noël, ils s’activent enfin : remise en forme, courses quotidiennes de traîneaux massages, menus adaptés, un vrai entraînement de grands sportifs !

« Tout cela pour quoi ? Avoir le privilège d’être de l’attelage du fameux traîneau, empli de tous les cadeaux qui ne seraient sûrement pas là sans moi ! » Voilà, en résumé, les douces pensées que rumine Pikkoyoul tous les ans à l’approche de Noël.

Allez, Pikkoyoul, avoue-le, tu es bien envieux de ces rennes et de cette nuit qu’ils partagent avec le Père Noël.

C’est bien vrai, Pikkoyoul rêve de vivre aussi la Grande Nuit de là-haut, par-delà les étoiles et les collines qui entourent leur chalet.

Lui aussi voudrait savoir à quel petit garçon ira ce joli train rouge, à quelle petite fille cette poupée aux cheveux longs, à quel bébé ce hochet en bois (qui lui a valu 3 aller-retour avec l’usine de la forêt !). Et qui jouera avec cette belle crosse de hockey, sur quel lac gelé, dans quel pays lointain ? Année après année, il les regarde s’éloigner en soupirant.

Mais aujourd’hui, un événement incroyable pourrait bien changer sa vie : l’un des rennes a un rhume carabiné. Ça toussotte, ça crachote, ça grelotte et ça « reniflotte ». On le soigne, on le réchauffe mais rien n’y fait : le renne sera bel et bien cloué au lit pour la Grande Nuit.

Un simple rhume et voilà le Père Noël bien embarrassé ! Avec cette montagne de cadeaux à distribuer, il a besoin de tous ses rennes au meilleur de leur forme !

Réunion d’urgence dans le chalet avec les lutins et les rennes.

Les lutins ne manquent pas d’idées, mais hélas, pas toujours excellentes :

«  On pourrait ôter quelques cadeaux ? » suggère l’un.

« Vous n’y pensez pas sérieusement ? » tonne le Père Noël.

« Alors, supprimons quelques villes de la tournée du traîneau ! » avance cet autre.

« Mais qui donc m’a affublé de ces lutins pas malins ? » soupire t-il.

Soudain, une voix s’élève dans le chalet.

« Et moi, alors ? N’est-ce pas moi le responsable en chef des transports de matériel, ici ? »

Surpris, tous se tournent vers Pikkoyoul.

« Bien sûr, pardonne moi »  dit le Père Noël « mais sans vouloir t’offenser, auras-tu suffisamment de forces ? La nuit sera longue et froide, et le traîneau très lourd. »

« Mon bon Père Noël, je me fais vieux, c’est certain, mais je te suis dévoué et tu peux compter sur moi, j’y mettrai mes dernières forces. » lui dit l’âne, obstiné.

Sans attendre la réponse, le renne enrhumé s’approche de Pikkoyoul et lui tend le beau harnais à clochettes, celui qu’il arbore pour la Grande Nuit.

« Diens, il est pour doi, d’oublie pas de bien suivre le renne de dêde et surdout, abuse-doi bien ! » (je te l’avais bien dit, un rhume carabiné !)

Très ému, Pikkoyoul enfile le harnais avec mille précautions, comme s’il était fait de cristal. Il a fière allure et même les poils de ses grandes oreilles en frémissent de bonheur.

Tout aussi ému, le Père Noël attelle ses rennes et son âne, puis prend son sac de poudre magique. D’un seul lancer ample, il couvre son attelage d’un nuage de poudre étincelante en disant :

« Par cette Grande Nuit,

Rennes et Ane, envolez-vous

Faire le bonheur des grands comme des petits. »

Le traîneau s’ébranle, l’attelage décolle et Pikkoyoul s’élance en riant derrière le renne de tête et regarde en bas, tout en bas, le chalet, sa prairie, son étable devenir des petits points sous ses sabots ailés.

Durant toute la nuit, ils survolent les immeubles de grandes villes illuminées, les tentes isolées dans les déserts, les igloos tout ronds des banquises, les cabanes de bois des forêts d’Amérique.

C’est justement en survolant ces grandes forêts de sapins qu’arrive l’impensable. De la pointe de sa cime, un sapin plus grand que tous les autres touche le traîneau, qui tangue légèrement. Sans que personne ne s’en aperçoive, un cadeau chute du traîneau et tombe, tombe dans la forêt noire, pour disparaître entre les branches et atterrir dans la neige, seul et oublié.

Alors que l’obscurité commence à faire place à la lumière du jour, l’équipage arrive enfin à la dernière maison de la Grande Nuit et alors qu’il se baisse pour saisir le dernier cadeau, le Père Noël, incrédule, s’écrie :

« Il n’y a plus de cadeau pour cette petite fille, comment est-ce possible ? »

Pikkoyoul et les rennes se regardent, aussi surpris qu’affolés. Oui, comment est-ce possible ?

Pikkoyoul se retourne vers la petite maison, regarde la petite fille endormie par la fenêtre. Non, il ne veut pas effacer le sourire du visage de cette enfant en lui gâchant son Noël.

Une idée nait alors dans l’esprit de Pikkoyoul. Il en est certain, c’est l’évidence même ! Il faut faire vite, le soleil ne tardera plus à reprendre possession du ciel. Décidé, il s’avance vers le Père Noël :

« Mon bon Père Noël, ne te désespère plus,  je ne sais pas pourquoi ce cadeau n’est plus là, mais je sais comment le remplacer. Cette nuit, j’ai réalisé mon rêve, j’ai eu une belle vie auprès de toi, mais il est aussi temps pour moi de me reposer et de me faire dorloter un peu. Prends ta poudre magique et fais le vœu de me transformer en un bel âne en peluche pour le Noël de cette petite fille. »

« Merci » dit le Père Noël, et c’est là tout ce qu’il peut dire, car les mots restent coincés dans sa gorge nouée d’émotion. Il caresse doucement Pikkoyoul tout en déposant sur lui la poudre magique et prononce son vœu.

Dans un nuage scintillant, Pikkoyoul disparait à ses yeux. A sa place se tient un magnifique âne en peluche que le Père Noël orne d’un beau nœud rouge et se hâte de déposer sous le sapin de la maison.

Le soleil éclaire de ses premiers rayons les yeux de l’enfant, au moment où  le Père Noël jette un dernier regard à son âne puis s’éclipse dans le ciel.

Voici la lettre qu’il reçut quelques jours plus tard.

« Père Noël,

Quand j’ai ouvert les yeux ce matin, je l’ai vu assis sagement dans mes chaussures. Il est si beau, mon petit âne gris, avec ses grandes oreilles poilues, ses grands yeux tendres et son gros nœud rouge au cou. Et il a un grand sourire aussi ; quand je l’embrasse, quand je le caresse, on dirait qu’il sourit plus fort encore.

Merci Père Noël ! »



About Pepee

Pascale Marbot aka Pépée... Illustratrice, shiatsu-shi et yogini, j’inspire, j’expire... et colorie la vie avec énergie. wwww.pepeeillustratricesolaire.com ou www.casashiatsu.com
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16 Responses to La Grande Nuit de l’âne !

  1. isis potins dit :

    Superbe !!! Je retombe en Enfance !!

    Bravo…..

    Isis

  2. virgo dit :

    Oh ben merde alors ! Tu peux te foutre de ma gueule Pépée, mais tu m’as tiré une larme !! Pourtant je ne suis pas très fêtes de Noel, mais la tradition a quelque chose de magique et ton conte me fait oublier tout l’effet commercial qu’il y a autour depuis des années !
    Petite question : Où t’es venu l’idée de choisir une « crosse de hockey » parmi tes joujoux hein !? Nan mais moi je te demande ça car mon cher et tendre est hockeyeur pro et du hockey j’en bouffe les 3/4 de l’année et je lis ton joli conte et PAF que vois je : une crosse!!!!hihi

    C’était vraiment joli et les enfants adoreraient !

    Bisous !
    Virgo

    • Pepee dit :

      C’est chouette ça, de donner de l’émotion ! Ce n’est pas moi qui les écrit, c’est gaelle, la plume. Le hockey… son mec et son fils en sont addicts, alors c’est un petit clin d’oeil 😉 Et pour la petite histoire, Virgo, je ne suis pas très fêtes de Noel non plus… mais je commence, grâce à l’illustration, à m’y mettre 😉 merci pour tous tes jolis compliments qui nous vont droit au coeur. Bises.

    • la plume dit :

      Tu n’es peut être pas douée pour les fêtes de Noël mais pour les compliments , c’est tout le contraire! Merci merci beaucoup!
      et pour le hockey, désolée…ah le hockey…pourvu que ma fille veuille bien faire de la danse! une question pour toi de mon fils: où joue ton cher et tendre? bonne journée

  3. la voisine pas commode dit :

    plus je lis cette histoire plus j’ai envie de la relire,bien d’avis avec les autres ,ce conte me rappelle le plus beau noel et le plus gâté de ma vie,chez ma tante qui m’avait fait mettre des carottes dans mes bottes pour l’âne du père noel,j’avais eu une poupée bella qui disait maaammmaaaannnn!!bravo les filles continuez sur cette lignée!

  4. Pepee dit :

    Merci la voisine pas commode qui a du coeur 😉

  5. guerin dit :

    super .Ilo doit aimer.Continue de nous faire rever….

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